Rencontres 2017
XXVe RENCONTRES D’ARCHÉOLOGIE ET D’HISTOIRE EN PÉRIGORD
Châteaux et spectacles
Périgueux, 29 et 1er octobre 2017, Bibliothèque municipale, salle Jean Moulin;
30 septembre 2017 : Salle de l’Orangerie des Jardins Perdoux , Entrée gratuite
L’association des Rencontres d’archéologie et d’histoire en Périgord consacre son colloque annuel aux liens entre Châteaux et spectacles, du Moyen Âge à nos jours, en s’intéressant autant aux demeures royales qu’aux autres châteaux européens aussi modestes soient-ils.
Dans les années 70, aux beaux jours de l’anthropologie historique et de la Nouvelle histoire, avec le développement de l’histoire des mentalités et de l’imaginaire, l’histoire des fêtes et des spectacles a connu une heure de gloire. Elle s’inscrivait alors dans la partition entre culture savante et culture populaire initiée par Robert Mandrou. Critiqué et révisé, ce clivage a glissé vers une approche en termes d’échanges, de circulations, de réception et d’acculturation, s’insérant dans une histoire culturelle englobant histoire sociale et histoire politique. Depuis le début des années 2000, de nouvelles approches, notamment en histoire médiévale et contemporaine, sont le fait de littéraires et d’historiens. L’émergence de la citoyenneté au XIXe siècle suppose en effet de conforter l’adhésion de la population, en multipliant les formes d’expression de l’approbation. Le spectacle participe alors de la cérémonie du pouvoir, les châteaux, au cœur de la sociabilité aristocratique, servant à la fois à appuyer la souveraineté ou à susciter une contre-image.
Le colloque Châteaux et spectacles propose de s’inscrire dans ces perspectives en abordant ces thèmes au prisme de l’histoire, de l’archéologie, des études littéraires et de toutes les formes d’arts et de spectacles vivants repérés dans le périmètre des demeures châtelaines et de leurs abords et ce jusqu’à nos jours. En effet, d’année en année, les mises en scènes spectaculaires se multiplient dans les châteaux afin d’attirer les touristes vers ces lieux patrimoniaux.
Parmi les châteaux du Périgord celui de Garrigue, à Bergerac, est aujourd’hui plus connu sous le nom de son plus célèbre propriétaire, l’acteur Mounet-Sully. Ce célèbre tragédien, sociétaire de la Comédie-Française, est l’un des monstres sacrés du théâtre classique et romantique de la fin du XIXe siècle. Né à Bergerac en 1841, il fit agrandir la demeure familiale construite au XVIe siècle et déjà modifiée au XVIIIe. Il lui adjoignit un théâtre, où il aimait travailler quand il résidait à Bergerac, et un cloître néo-roman surprenant. Dans son ancienne chambre, une fresque murale le représente, dans les costumes des nombreux personnages qu’il a interprétés sur scène. La grande Sarah Bernhardt, dont il fut l’un des proches, a même peut-être séjourné en ce château, ainsi que le gratin du Tout-Paris.
VENDREDI 29 SEPTEMBRE, Périgueux, bibliothèque municipale
8h45 Accueil des participants
9h00 Ouverture du colloque par Anne-Marie Cocula, présidente des Rencontres
Actualités de l’archéologie en Nouvelle Aquitaine
9h15 Patrick Bouvart, archéologue, HADES, Résultats d’une première opération archéologique sur le castrum de Domme.
9h45 Richard Jonvel, CAHMER et Société des Antiquaires de Picardie, Le site fortifié carolingien de Murat « Les Tours » (Creuse).
10h15 Nicolas Prouteau, Université de Poitiers, Cescm UMR 7302, Le château du Haut-Clairvaux à Scorbé-Clairvaux (Vienne) : résultats des fouilles
10h45 Discussion et pause
Fantastiques fantaisies : mystères au château à l’aube de la Renaissance
11h15 Guillaume Bureaux, Université de Rouen, GRHis,/Institut Historique Allemand, La place du château dans les Pas d’armes : cadre festif, élément symbolique et point d’ancrage de l’univers fictionnel (XVe-XVIe siècles).
11h45 Lucie Gaugain, Université de Tours, CESR UMR 7323, Les fêtes du château d’Amboise de Louis XI à François Ier.
12h15 Discussion suivie d’un déjeuner pour les intervenants.
Le masque et la plume : dans les coulisses du château
14h00 Éric Anspach, École nationale supérieure de création industrielle, ENSCI-Les Ateliers, Les coulisses du château en scène.
14h30 Aline Hodroge, Université de Lausanne, FNS/Université de Rouen, CEREDi, « Un pauvre petit amusement » : le théâtre staëlien de l’exil.
15h00 Laurence Chevallier, École Nationale Supérieure d’Architecture de Toulouse, PASSAGES UMR 5319, Châteaux et spectacles, les réalisations de l’architecte Jean-Baptiste Dufart (1750-1820).
15h30 Discussion et pause
Show au château : quand le spectacle réinvente l’espace
16h00 Laurent Bolard, Université Paris IV, Espaces confisqués. La villa Rufolo, ses jardins, ses paysages, son festival.
16h30 Elisabeth Caude, Musée national des châteaux de Versailles et Trianon, Les invités à Versailles lors d’une grande fête dynastique.
17h00 Natalie Petiteau, Université d’Avignon, Centre Norbert Élias, Un écrin pour une noblesse circassienne : le château d’Alexis Grüss à Piolenc (Vaucluse).
17h30 Discussion.
18h15 Réunion du conseil scientifique et du conseil d’administration de l’association.
SAMEDI 30 SEPTEMBRE , Bergerac, salle de l’Orangerie (Jardins Perdoux)
De la joute chevaleresque à ses transfigurations cinématrographiques
9h30 Alain Kersuzan, Université Lyon 2-CIHAM, Les joutes du comte vert aux châteaux de Chambéry et de Bourg-en-Bresse.
10h00 Yohann Chanoir, EHESS, CRH-GAM UMR 8558, Jour de fête au château. Tournois, concours et spectacles dans les films sur le Moyen Âge.
10h30 Discussion et pause.
Spectacles souverains dans les palais princiers
11h00 Thomas Fouilleron, Directeur des archives et de la bibliothèque du Palais princier de Monaco, CMMC-EA 1193, Spectacles princiers et affirmation dynastique. Les fêtes de cour chez les Grimaldi de Monaco (XVIIe-XVIIIe siècles).
11h30 Juliette Glikman, Université Paris-Sorbonne, Le palais des Tuileries, cité du chant et de la danse dans le Paris des Lumières.
12h00 Grégoire Franconie, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Centre d’histoire du XIXe siècle, Versailles, 1837 : le spectacle de l’histoire.
Discussion suivie d’un déjeuner pour les intervenants et sur inscription.
15h00 Salle de l’Orangerie (Jardins Perdoux), conférence de Caroline Mazel, architecte, suivie de la visite du château de Mounet-Sully ou château de Garrigue (Bergerac).
DIMANCHE 1er OCTOBRE, Périgueux, bibliothèque municipale
Sous les feux de la rampe… les plaisirs de la scène du XVIIe au XXe siècle
9h30 Roger Baury, Université Lille 3, Le théâtre au château, XVIIe-XXe siècles.
10h00 Claude-Isabelle Brelot, Université Lyon 2, Le répertoire des théâtres du château au XIXe siècle : saynètes, proverbes, charades et comédies.
10h30 Bertrand Goujon, Université de Reims Champagne-Ardennes, Le théâtre au château : lieux, acteurs, pratiques et enjeux dans la France du Second Empire et de la Troisième République.
11h00 Discussion.
11h15 Robert Herin, Université de Caen, Conclusions.
RESERVATION EXCURSION À BERGERAC
Nom :
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Tél :
E-mail :
S’inscrit à l’excursion du samedi 30 septembre 2017 à Bergerac.
Aller et retour en car à partir de Périgueux : départ à 8h30, allées de Tourny ; retour prévu vers 18h30.
35 euros par personne comprenant : déplacement en car, conférences à la salle de l’Orangerie aux Jardins Perdoux de Bergerac, déjeuner, visite du château de Mounet-Sully (château de Garrigue) avec conférence.
Bulletin à retourner à Dominique Picco, 6 rue Émile Fourcand, 33000 Bordeaux, accompagné du règlement par chèque bancaire à l’ordre des Rencontres d’archéologie et d’histoire en Périgord.
Date limite d’inscription : 15 septembre 2017
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Appel à communication
Châteaux et spectacles
Périgueux
29, 30 septembre et 1er octobre 2017
À l’heure de l’exposition que le château de Versailles dédie, jusqu’au printemps 2017, aux Fêtes et divertissements à la cour, l’association des Rencontres d’archéologie et d’histoire en Périgord a choisi de consacrer son colloque annuel aux liens entre châteaux et spectacles en élargissant le propos des pratiques curiales à celles ayant pour cadre, du Moyen-âge à nos jours, les châteaux européens aussi modestes soient-ils.
Dans les années 70, aux beaux jours de l’anthropologie historique et de la Nouvelle histoire, avec le développement de l’histoire des mentalités et de l’imaginaire, l’histoire des fêtes et des spectacles a connu une heure de gloire. Elle s’inscrivait alors dans la lignée de la partition culture savante/culture populaire initiée par Robert Mandrou[1], la seconde étant présentée à la fois comme la seule « authentique » et comme une forme de résistance à l’acculturation des élites. Critiqué et révisé par Jacques Revel et Roger Chartier, ce clivage entre les deux cultures a glissé vers une approche en termes d’échanges, de circulations, de réception et d’acculturation, s’insérant dans une histoire culturelle aux limites de plus en plus floues englobant histoire sociale et histoire politique. Pour la période médiévale, après les travaux de Jean Verdon[2] et la publication du congrès du CTHS de Chambéry de 1991[3], le sujet a été longtemps délaissé. Depuis la première décennie 2000, de nouvelles approches sont le fait de littéraires[4] et d’historiens qui ont surtout renouvelé la connaissance de la culture festive de la noblesse, comme élément marqueur de son identité, en particulier Sébastien Nadot qui, dans sa thèse publiée en 2012, assimile les joutes à une pratique sportive[5]. D’autres, en particulier Evelyne Van den Neste pour les villes de Flandres[6], ont revu cette question des joutes et tournois, aujourd’hui la mieux explorée pour la période médiévale tant en milieu urbain que rural où les abords des châteaux en constituent le cadre essentiel.
L’histoire des spectacles urbains à l’époque moderne est en plein renouvellement, croisant histoire et histoire littéraire, comme en atteste, depuis 2014-15, le séminaire d’histoire sociale des spectacles du Centre Roland Mousnier (Paris-Sorbonne)[7]. Dans le prolongement de celui-ci une journée d’études s’est tenue à Lyon en juin dernier envisageant les spectacles comme un laboratoire du gouvernement urbain[8]. Que ce soit à Naples[9], à Londres[10] ou dans d’autres villes européennes, il s’agit ici à la fois d’inscrire les spectacles dans une société, dans des pratiques politiques mais aussi dans un espace urbain ce qui conduit à croiser le regard des urbanistes comme à Paris étudiée dans la première modernité par Goulven Oiry[11].
L’émergence de la citoyenneté au XIXe siècle suppose de conforter l’adhésion, en multipliant les formes d’expression de l’approbation. Le spectacle participe de la cérémonie du pouvoir, comme l’explore un colloque, organisé en 1990, sur les usages politiques des fêtes aux XIXe et XXe siècles[12]. Les châteaux, au cœur de la sociabilité aristocratique, peuvent tout aussi bien servir à appuyer la souveraineté qu’à susciter une contre-image, sous l’égide des légitimistes par exemple, le spectacle servant à construire un imaginaire politique de l’assentiment comme du ressentiment.
Le colloque Châteaux et spectacles propose de s’inscrire dans ces perspectives en passant de l’échelle de la ville à celle des châteaux au prisme de l’histoire, de l’archéologie, des études littéraires mais également de toutes les formes d’arts et de spectacles vivants pouvant être repérés dans le périmètre des demeures châtelaines et de leurs abords du Moyen-Âge à nos jours. En effet, d’année en année, les mises en scènes spectaculaires se multiplient dans les châteaux afin d’attirer les touristes vers ces lieux patrimoniaux[13].
Sous forme de synthèses thématiques ou transversales, voire de monographies, les propositions de communications pourront s’inscrire dans l’une ou plusieurs des directions suivantes
1. Le terme spectacles est entendu ici au sens le plus large depuis les représentations théâtrales, musicales, équestres et autres formes d’expression artistiques, du spectacle vivant parfois disparus (tournois, joutes) ou utilisant des techniques sophistiquées (jeux d’eaux, pyrotechnie), conçus soit comme des moments exceptionnels voués aux fêtes et cérémonies où se mêlent le corps et de l’esprit aux pratiques régulières de sociabilité ou de loisirs attachées à la vie des habitants des lieux.
2. À partir de cette typologie ouverte, on pourra s’attarder sur les aspects suivants :
- les espaces et le cadre particulier où se déroulent les spectacles, à l’intérieur (salle dédiée ou convertie pour l’occasion) ou à l’extérieur des châteaux (bâtiments annexes, jardins, parcs…).
- le décor durable ou éphémère, véritable prouesse architecturale faites de bois, de carton ou de verdure, construit spécialement pour accueillir un spectacle, et pouvant nécessiter savoir-faire et techniques pointus (spectacles à machine par exemple).
- le coût des spectacles, s’il est possible de l’évaluer à partir des sources disponibles. Il faudrait pouvoir étudier la dimension économique de l’évènement exceptionnel ou de la pratique régulière du point de vue des dépenses liées à la main d’œuvre (artistes, techniciens), du paiement des multiples fournisseurs jusqu’aux retombées financières voire en termes d’image.
- le déroulement du spectacle lui-même, y compris s’il y a lieu la mise en scène et la distribution des rôles au sein de la société châtelaine et des artistes qu’il s’agisse de troupes ambulantes ou de personnels attachés au château, sans oublier l’imprévu ou l’accident intervenu au cours de ces spectacles, du plus banal des incidents jusqu’au drame ou à la tragédie qui peut interrompre la fête.
- la place et la composition des participants : habitants du château (famille et domesticité), invité-es, public plus ou moins large et leurs réactions à l’issue des spectacles auxquels ils et elles assistent.
- la mise en récit de ces spectacles à travers la littérature, la presse ou les écrits du for-privé (mémoires, correspondances, etc.) mais également la mise en images sous forme de dessins, gravures, peintures, photos ou encore au cinéma qu’il s’agisse de garder la trace, le souvenir de pratiques ou d’évènements ou qu’ils participent de l’imaginaire du château.
- la motivation du châtelain organisateur - souverain, seigneur ou notable - d’un spectacle habituel ou extraordinaire : s’agit-il pour lui, ou pour elle, de plaire, de divertir, de séduire ? ou bien encore de manifester son emprise sur un espace et sur des « gens » qui l’habitent, forme de communication politique où le châtelain donne à voir sa domination.
3. Enfin, dans la période très contemporaine, on retiendra le thème des châteaux en spectacles - châteaux-forts, résidences royales - devenus cadre propice à des mises en récits historiques, à la belle saison lors des grandes migrations touristiques européennes. Le spectacle au château est alors un moyen de mettre en valeur et de rentabiliser un patrimoine dont l’entretien est lourd pour les particuliers, les collectivités territoriales ou l’État.
Les propositions de communications (environ 1500 signes), accompagnées d’une brève biobibliographie de l’auteur doivent être adressées au plus tard le 30 janvier 2017, par voie électronique, en format Word à Dominique Picco, secrétaire des Rencontres. : dominique.picco@u-bordeaux-montaigne.fr, et Juliette Glikman, secrétaire adjointe, juliette.glikman@orange.fr
Par voie postale : Dominique Picco, Université Bordeaux-Montaigne, UFR humanités, Département histoire, Campus universitaire, 33607 Pessac cedex
[1] De la culture populaire en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Stock, 1964.
[2] Les loisirs au Moyen-âge, Paris, Tallandier, 1980.
[3] Actes du 116e Congrès national des sociétés savantes (Chambéry, 1991), Section d’histoire médiévale et de philologie : jeux, sports et divertissements au Moyen Âge et à l’âge classique, Paris, Éd. du C.T.H.S., 1993.
[4] Plet-Nicolas, F. (dir.), Le Moyen Âge en jeu, Eidôlon n° 86, Presses Universitaires de Bordeaux, 2009.
[5] Le Spectacle des joutes : sport et courtoisie à la fin du Moyen Âge, Presses universitaires de Rennes, 2012.
[6] Tournois, joutes, pas d’armes dans les villes de Flandre à la fin du Moyen Âge (1300-1486), Paris, École des Chartes, 1996.
[7] Ce séminaire est animé par Marie Bouhaïk-Gironès (Centre Roland Mousnier, Paris-Sorbonne), Olivier Spina (Lahra-Lyon2) et Mélanie Traversier (IRHiS-Lille 3)
[9] Mélanie Traversier, Gouverner l’opéra. Une histoire politique de la musique à Naples, 1767-1815, Rome, École française de Rome, 2009.
[10] Olivier Spina, Une ville en scènes. Pouvoirs et spectacles à Londres sous les Tudor (1525-1603), Paris, Garnier Classiques, 2013.
[11] Goulven Oiry, La Comédie française et la ville (1550-1650) – L’Iliade parodique ? Paris, Garnier Classiques, 2016.
[12] Alain Corbin, Noëlle Gérôme et Danielle Tatakowsky, sous la dir., Les Usages politiques des fêtes aux XIXe et XXe siècles, Paris, Publications de la Sorbonne, 1994.
[13] À côté des résidences royales d’Ile de France et du Val de Loire, on peut citer pour le seul cas français Saint-Fargeau (Yonne), Talmont et Tiffauges (Vendée), Lareole (Haute-Garonne), Murol (Puy-de-Dôme).
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