Rencontres 2018
XXVIe RENCONTRES D’ARCHÉOLOGIE ET D’HISTOIRE EN PÉRIGORD
Châteaux et justice
Périgueux
28, 29 et 30 septembre 2018
L’Odyssée (Nouveau Théâtre de Périgueux), salle Montaigne
Entrée gratuite
Le pouvoir de justice du seigneur donne souvent lieu à une approche simpliste voire caricaturale. Le château incarnait physiquement ce pouvoir et symbolisait, à souhait, le méchant seigneur. Qu’en est-il vraiment, du Moyen-Age au XIXe siècle ? La justice seigneuriale est un sujet qui fut parfois effleuré par les Rencontres (« château et village », « château et pouvoir ») mais jamais abordé directement d’où ce choix du thème « Châteaux et justice » pour l’édition 2018 des Rencontres.
Ce thème a fait l’objet de nombreuses recherches depuis plus d’un siècle, surtout de la part des juristes. Des historiens ont abordé cette question dans des études plus vastes sur les paysans et/ou les seigneurs dans une province particulière. À partir des années 1990, l’étude de la justice seigneuriale a fait l’objet de travaux spécifiques, qui ont permis de réexaminer une institution longtemps décriée. Au début des années 2000, Benoît Garnot et Antoine Follain ont contribué à une réhabilitation raisonnée et argumentée permettant de mieux comprendre ce que la justice seigneuriale représente, du Moyen Âge à la fin du XVIIIe siècle, pour le seigneur et le monde rural et urbain.
Les Rencontres d’archéologie et d’histoire en Périgord proposent, lors de ce colloque, de faire le point, voire d’ouvrir de nouveaux axes de recherche en insistant sur la dimension européenne et/ou comparative.
La visite proposée au château de La Chapelle-Faucher (XIIIe-XVIIIe), qui occupe une place bien particulière dans l’histoire du Périgord, illustre dramatiquement l’exercice d’une justice militaire qui se veut expéditive et exemplaire.
PROGRAMME
VENDREDI 28 SEPTEMBRE Périgueux, L’Odyssée, salle Montaigne
8h45 Accueil des participants.
9h00 Ouverture du colloque par Anne-Marie Cocula, présidente des Rencontres.
Actualités de l’archéologie en Nouvelle Aquitaine
9h30 Patrice Conte et Laure Leroux, archéologue, Hadès, Saint-Eloy-les-Tuileries, Habitat rural et architecture vernaculaire au XVIe siècle en Limousin.
10h00 Coralie Demangeot, Amaïa Legaz, et Xavier Perrot, archéologues (Hadès) : La nécropole antique de Saint-Seurin à Bordeaux : premiers résultats de la fouille de l’îlot Castéja à Bordeaux.
10h30 Discussion et pause.
Le juge, officier du seigneur ?
11h00 Florian Besson, Université de Lorraine, « Tous les barons du royaume ont le pouvoir de faire juger les habitants de leurs seigneuries » : aspects concrets et défis techniques des justices seigneuriales en Orient latin, 1099-1229.
11h30 Jean-Marie Constant, Université du Mans, L’officier seigneurial, prédateur ou juge de proximité.
12h00 Discussion suivie d’un déjeuner pour les intervenants.
Fourches patibulaires, ordalie, pilori, prisons… Châteaux en peine
14h00 Cyrielle Chamot, Université Panthéon-Sorbonne, Charges et devoir du châtelain en matière judiciaire à la fin du Moyen Âge.
14h30 Anne Crola, Université Bordeaux-Montaigne, Justice seigneuriale et fourches patibulaires : la haute justice acquise, manifestée et exercée dans le Périgord médiéval et moderne (XIIIe-XVIIIe siècles).
15h00 Laure Leroux, archéologue, Hadès, De l’ordalie au pilori : lieux, temps et formes de la justice dans la baronnie de Biron.
15h30 Discussion et pause
Légendes et châtiments
16h00 Milena Lenderovà, Université de Pardubice (République Tchèque), L´emmurement : la peine capitale et la légende. Trois exemples des Pays tchèques aux temps modernes.
16h30 Nadège Langbour, Université de Rouen-CEREdI, Le château de Bridoire dans les romans de Christian Grenier : entre instrument de justice, siège du pouvoir et enjeu judiciaire.
17h00 Discussion.
18h00 Réunion du conseil scientifique et du conseil d’administration de l’association.
SAMEDI 29 SEPTEMBRE Périgueux, L’Odyssée, salle Montaigne
Gens de justice
9h00 Renaud Gahide, Université libre de Bruxelles (Belgique), Juges et témoins ! Mais qui sont donc ces échevins de la Ville et Châtellenie de Warneton ? Un exemple de justice seigneuriale en comté de Flandre (XVIe-XVIIIe siècles).
9h30 Nicolas Soulas, Université d’Avignon et des Pays du Vaucluse, De la justice du seigneur à celle de la Nation ? Le personnel de la justice seigneuriale dans la tourmente révolutionnaire et au-delà à travers l’exemple de la vallée du Rhône.
10h00 Discussion et pause.
La justice hantée par l’esprit de château
10h30 Claude-Isabelle Brelot, Université Lyon 2, Le procureur et le châtelain (1833-1876).
11h00 Sophie Delbrel, Université de Bordeaux, La justice contre l’esprit de château : le procès d’Eugène de Lur-Saluces devant la Haute Cour en 1901.
11h30 Discussion
12h00 Départ pour l’excursion
13h00 déjeuner à Saint Jean de Cole pour les intrevenants et sur inscription.
15h00 viste du château de la Chapelle-Faucher
DIMANCHE 30 septembre Périgueux, L’Odyssée, salle Montaigne
Lieux de justice
9h30 Sylvie Bepoix, Université de Franche Comté, Laboratoire Chrono-Environnement – UMR6249, La visibilité matérielle des pouvoirs judiciaires : le cas du comté de Bourgogne à la fin du Moyen Âge.
10h00 Pierre-Benoît Roumagnou, Sorbonne Université, La ferme seigneuriale : les lieux de justice des sièges seigneuriaux locaux autour de Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles.
10h30 Discussion et pause.
Demander justice. Le château arbitre des conflits ?
11h00 Laura Viaut , Université de Limoges, La justice des seigneurs au tournant de l’an mil. Un héritage à réhabiliter ?
11h30 Philippe Crémieu-Alcan, Université de Poitiers, Entre château et justice. Quand faire sa justice, quand demander justice ? Le traitement des infractions forestières et de chasse au XVIIIe siècle en Guyenne.
12h00 Discussion
12h15 Alain Blanchard, Université de Limoges, Conclusions.
RESERVATION EXCURSION À LA CHAPELLE-FAUCHER
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E-mail :
S’inscrit à l’excursion du samedi 29 septembre 2017 à La Chapelle Faucher.
Aller et retour en car à partir de Périgueux : départ à 12h, allées de Tourny ; retour prévu vers 18h30.
30 euros par personne comprenant : déplacement en car, déjeuner au restaurant La Marmite (Saint-Jean de Cole) visite guidée du château de La Chapelle-Faucher par Anne-Marie Cocula et Joëlle Chevé. Bulletin à retourner à Dominique Picco, 6 rue Émile Fourcand, 33000 Bordeaux, accompagné du règlement par chèque bancaire à l’ordre des Rencontres d’archéologie et d’histoire en Périgord.
Date limite d’inscription : 15 septembre 2018
Conseil d’administration
Présidente : Anne-Marie Cocula
Vice-présidents : Joëlle Chevé, Michel Combet
Secrétaire : Dominique Picco ; secrétaire adjointe : Juliette Glikman
Trésoriere : Annie Dom
Membres : Roger Baury, Alain Blanchard, Frédéric Boutoulle, Claude-Isabelle Brelot, Patrick Clarke de Dromantin, Jean-Marie Constant, Robert Hérin, Philippe Loupès, Christine Mazzoli-Guintard, Josette Pontet.
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Appel à communication Rencontres 2018
Châteaux et justice (Xe-XXIe siècles)
Périgueux 28, 29 et 30 septembre 2018
D’emblée, le pouvoir de justice du seigneur peut donner lieu à une approche simpliste voire caricaturale ; le château incarnant physiquement ce pouvoir et symbolisant, à souhait, le « méchant seigneur ». Qu’en est-il véritablement du Moyen Âge au XIXe siècle ?
Ce thème a fait l’objet de nombreuses recherches depuis plus d’un siècle, surtout de la part des juristes[1]. Des historiens ont abordé cette question dans des études plus vastes sur les paysans et/ou les seigneurs dans une province particulière[2]. À partir des années 1990, l’étude de la justice seigneuriale a fait l’objet de travaux spécifiques, individuels ou collectifs qui ont permis de réexaminer une institution longtemps décriée. Au début des années 2000, Benoît Garnot et Antoine Follain ont contribué à une réhabilitation raisonnée et argumentée permettant de mieux comprendre ce que la justice seigneuriale représente, du Moyen Âge à la fin du XVIIIe siècle, pour le seigneur et le monde rural et urbain[3].
Les Rencontres d’archéologie et d’histoire en Périgord[4] proposent, lors de leur colloque 2018, de faire le point, voire d’ouvrir de nouveaux axes de recherche en insistant sur la dimension européenne et/ou comparative : des études sur l’Angleterre, les Espagnes, les Allemagnes seront les bienvenues.
Les pistes qui suivent constituent des propositions non exclusives de questionnement :
1 : Les origines de la justice seigneuriale : une concession du souverain ou une usurpation des seigneurs ? Quelle est la situation durant le Moyen Âge où se développe une « théorie du pouvoir » qui donne au roi la tâche de conserver la paix et la justice. Les juridictions royales les plus modestes (prévôtés, vigueries) étant trop peu nombreuses, le maillage plus serré des justices seigneuriales donne la possibilité d’établir ce dispositif de maintien de la paix. Quelles réalités se cachent derrière ce constat ?
2 : Pour mieux discerner les pouvoirs de justice du seigneur, il convient de croiser l’étude de la coutume et celle de la pratique des juges dans un lieu donné, dans un moment donné et/ou sur le long terme.
3 : Dans tous les cas le droit de justice est un droit important pour les seigneurs, un élément de prestige et de contrôle sur ses vassaux et tenanciers. Le mot seigneurie est souvent assimilé à celui de justice mais quel est son rôle dans la société du Moyen Âge et des Temps modernes ? En effet, la seigneurie est à la fois une forme de propriété privée et un service public qui encadre la vie villageoise comme la paroisse et la communauté d’habitants.
4 : On connait la distinction classique entre les trois justices : basse, moyenne et haute. Pour Marcel Marion, elle n’avait plus grand sens aux XVIIe et XVIIIe siècles. Qu’en est-il en réalité ? Il serait intéressant d’observer comment s’articulent ces trois niveaux pour les seigneurs et pour les habitants. L’essor des duchés-pairies aux Temps modernes est-il, par exemple, une simplification, une rationalisation ? Qu’en est-il des seigneurs protestants, en particulier hauts justiciers, dans le contenu et l’application des différents édits de pacification de la seconde moitié du XVIe siècle ?
5 : Le seigneur ne jugeait plus mais commettait des juges qui n’étaient pas des officiers (art. 101 de l’ordonnance de Blois de 1579) et qui devaient avoir les capacités et être agréés par la juridiction royale dont dépendait la seigneurie. L’ensemble de ce personnel a subi aux Temps modernes de sévères critiques dont celle de Charles Loyseau : « La Justice des villages est très mauvaise parce qu’elle est rendue par des gens de peu, sans honneur, sans conscience »[5].
6 : L’étude des lieux où s’exerce la justice seigneuriale présente aussi un intérêt. Y-a-t-il toujours un « tribunal » dans le château ou le village ou faut-il tenir les séances au cabaret ce qui semble faire perdre de la dignité à la justice et au seigneur ? Quelle était l’attitude des villageois à ce sujet ? Un questionnement du même type concerne la prison. Le seigneur est censé posséder un lieu d’incarcération mais est-ce toujours le cas ? Faut-il « tordre le cou » aux cages de fer et autres oubliettes, mythes ou réalités ?[6]
7 : Quel impact a pu avoir la justice du château sur les justiciables ? Est-elle un recours utilisé volontiers ou suscite-t-elle méfiance, colère et révolte parfois ?
8 : La justice du roi fut une autre source de tensions et d’oppositions à la justice seigneuriale. Pour les juristes, la seconde est une délégation de la première. L’essor du pouvoir royal depuis le Moyen Âge jusqu’au XVIIe siècle ne pouvait se manifester sans susciter des formes de concurrence voire d’affrontement entre les deux. Au dernier tiers du XVIIe siècle des « lois » contraignirent davantage les tribunaux des seigneurs. Mais les ordonnances de 1667 et 1670 n’ont sans doute pas réussi à supprimer la diversité du droit. La justice seigneuriale a pu faire durer localement des usages particuliers en matière civile plus qu’en matière criminelle où la justice du roi s’est davantage imposée. Les années 1770-1789 furent très préjudiciables aux justices seigneuriales à la suite de l’édit de mars 1772 et de l’ordonnance de mai 1788.
9 : Le 4 août 1789, le système seigneurial était aboli et il n’y avait plus de justice seigneuriale. Mais il fallait au plus vite combler ce vide ; ce fut fait avec la mise en place des justices de paix dans chaque canton. Un tel schéma mériterait d’être revisité à partir de cas concrets et suffisamment documentés. Cela oblige à revenir aussi quelques mois en arrière lors de la préparation des États Généraux. Les cahiers de doléances donnent souvent une image partielle et partiale des justices seigneuriales. Les paysans semblaient moins mécontents qu’on ne l’imagine. Proches, assez rapides et peu coûteuses, elles donnaient plutôt satisfaction. L’image de la future justice de paix se profilait dans les esprits et allait se concrétiser assez rapidement (16-24 août 1789). Souvent les nouveaux « juges de paix » furent recrutés parmi les anciens juges seigneuriaux[7].
10 : Pour le XIXe siècle différentes pistes peuvent être envisagées : le bilan des dépossessions de la justice seigneuriale sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, la confrontation des châtelains avec les représentants de la justice « républicaine », le destin des juges seigneuriaux devenus juges de paix. Cette magistrature était-elle devenue une affaire de famille, comme sous l’Ancien régime ? De quelles manières les châteaux participèrent-ils aux transformations architecturales des anciens lieux dévolus à la justice seigneuriale ? Peut-on revenir sur le cas emblématique de la Bastille, prison royale pendant plus de trois siècles ?
11 : Enfin, pour la période la plus contemporaine, on étudiera avec profit le thème des interprétations romanesques, artistiques, théâtrales ou cinématographiques de l’emprise de cette justice seigneuriale puis des jalons de sa disparition, sans ignorer les derniers sursauts d’une volonté restauratrice d’institutions seigneuriales relayés par les médias.
Les propositions de communications (environ 1500 signes), accompagnées d’une brève biobibliographie de l’auteur.e doivent être adressées au plus tard le 30 janvier 2018, par voie électronique, en format Word à Dominique Picco, secrétaire des Rencontres. : dominique.picco@u-bordeaux-montaigne.fr, et Juliette Glikman, secrétaire adjointe, juliette.glikman@orange.fr Ou par voie postale à Dominique Picco, Université Bordeaux-Montaigne, UFR humanités, Département histoire, Campus universitaire, 33607 Pessac cedex
[1] Voir, par exemple, Amédée Combier, Les justices subalternes du Vermandois, Amiens, 1885 ; André Giffard Les justices seigneuriales en Bretagne aux XVIIe et XVIIIe siècles (1661-1791), 1902 ; Pierre Lemercier, Les justices seigneuriales de la région parisienne de 1580 à 1789, Paris, 1933 ; Pierre Villard, Les justices seigneuriales dans la Marche, Paris, 1969.
[2] Quelques exemples : Pierre de Saint-Jacob, Les paysans de la Bourgogne du Nord au dernier siècle de l’Ancien régime, Paris, 1960 ; Jean Meyer, La noblesse bretonne au XVIIIe siècle, Paris, 1966 ; Jean Jacquard, La crise rurale en Ile-de-France, 1550-1670, Paris, 1974 ; Jean‑Marie Constant, Nobles et paysans en Beauce aux XVIe et XVIIe siècles, Thèse, Paris IV, 1981 ; Jean Gallet, La seigneurie bretonne, 1450-1680. L’exemple du Vannetais, Paris, 1983 ; Annie Antoine, Fiefs et villages du Bas-Maine au XVIIIe siècle, Mayenne, 1994.
[3] Benoît Garnot « Une réhabilitation? Les justices seigneuriales dans la France du XVIIIe siècle », Histoire, économie et société, 2005, 24ᵉ année, n°2, p. 221-232 ; François Brizay, Antoine Follain et Véronique Sarrazin (éd.), Les justices de village. Administration et justice locales de la fin du Moyen Âge à la Révolution, Actes du colloque d’Angers, octobre 2001, Rennes, PUR, 2002 ; Antoine Follain (dir.), Les justices locales dans les villes et villages du XVe au XIXe siècle, Rennes, PUR, 2006.
[4] La justice seigneuriale fut parfois effleurée par les Rencontres mais jamais abordé directement. Voir Anne Marie Cocula (dir.), Châteaux et pouvoir. Xe-XIXe siècle, Bordeaux, 1996 ; André Bazzana (dir.), Châteaux et village, Bordeaux, 2003.
[5] Charles Loyseau (1556-1627), Discours de l’abus des justices de villages, 1603. Voir aussi les Mémoires des intendants de 1698 et Joseph Renauldon, Traité historique et pratique des droits seigneuriaux, 1765.
[6] Christophe Morin, Au service du château. L’architecture des communs au XVIIIe siècle en Ile-de-France, Paris, thèse d’histoire de l’art Paris IV, 2008.
[7] Jacques-Guy Petit, Une justice de proximité : la justice de paix (1790-1958), Paris, 2003 ; Guillaume Métairie, Le monde des juges de paix (1790-1838), Paris, 1994 et La justice de proximité : une approche historique, Paris, PUF, 2004
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